http://www.artsolid.net/ebook.php?idgal=345
Entre un barrage de flics et un portail fermé
Et des murs pour me guider vers la liberté
Les gardes surgissent et vont m'emporter
Je ne suis pas mort puisqu'ils vont m'emporter
Vers un nouvel univers où tout sera changé
Nous irons sûrs et nous pourrons fumer
Notre esprit sera lavé
Nous aurons quitté les lieux pourris
Les petites vies ! Les petites vies !
Aux esclaves séchés
Et nous serons ravis
De tout recommencer.
Mes paroles s'envolèrent. Je parlai comme autrefois j'avais parlé quand j'avais bu. Je lâchais des choses. En vrac mon amour pour elle, mon amour d'avant, mon arrivée à New-York, "mon amour, cette formidable solidarité", "la gêne qui m'avait pris de la croiser, dernier espoir qu'elle fut du monde passé", Paul, la nouvelle vie, ses mensonges, ses divagations, Céline, sa beauté, sa beauté non de dieu, l'être, les intellectuels, les armes, les abeilles, Edwige et Stephan, le Old World.
Céline, en fait me connaissait davantage, ou plus méthodiquement que je ne la connaissais (c'était une connaissance sensible de l'ordre du coup de tonnerre). Céline connaissait Edwige, Paul, La Rochefoucault, Gorzar, elle avait connu Guilaume en écrivant une fois pour Pari(s) et elle m'avait recherché.
_ « Thomas, tu es le dernier à avoir vu Paul. A ta sortie de l'hôpital, dans une semaine, je t'amènerais au Old World. Nous entrerons tous les deux. »
Céline vint tous les jours, elle m'amena le troisième jour un livre de Gorzar paru chez un éditeur new-yorkais. Je posais d'abord l'enveloppe marron qui contenait le livre sur la table de chevet et lui demandait où elle l'avait trouvé.
_ « Mais tu ne le regardes pas ?
_Est-ce que Paul est vraiment mort ?
_Je ne sais pas... Gorzar en tout cas, est vivant.»
Le petit livre de Gorzar nous était dédié, à moi et à Céline. Un drôle de livre écrit comme sur un fil. Rien d'une cathédrale, un petit feu qui brûle et qui dure.